samedi 13 juin 2015

Pourquoi cet entêtement ?

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Pourquoi Gary Bettman tient-il à ­garder les Coyotes à Glendale ?
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Pourquoi Gary Bettman tient-il à ­garder les Coyotes à Glendale ?

Yvon Pedneault
Il y a deux ans, on posait la ­question. Pourquoi Glendale? Les chiffres étaient pourtant éloquents. L’équipe perdait alors 30 millions $ par saison. On ne se bousculait pas aux ­tourniquets.
Il était clair que le hockey passait loin derrière le football, le baseball, le basketball, bref nommez le sport que vous désirez et ça passe devant les Coyotes.
Au bout du compte, il ne restait pas grand-chose du dollar sportif pour l’équipe de hockey.
Quand on doit faire des promotions invitant les gens à se procurer quatre billets pour 99 $, stationnement et hot dog inclus, on ne parvient pas à faire ses frais. Mais les penseurs de la Ligue nationale – avec Gary Bettman en tête – croient qu’il y a un avenir intéressant pour le hockey dans le désert de l’Arizona.
C’est ce que le commissaire claironnait en 2013, après avoir gagné sa bataille contre la Ville de Glendale ­relativement au contrat de gestion de l’amphithéâtre.
Deux ans plus tard, les Coyotes ont généré, la saison dernière, 25 millions $ de revenus aux guichets alors que la moyenne de la Ligue nationale est de 48 millions $. On viendra dire qu’il y a un avenir pour le hockey dans cette ­région de l’Arizona.
Menace
Alors pourquoi cet entêtement de la part des propriétaires de la ligue et surtout de la part de Bettman à vouloir garder les Coyotes à Glendale? Ne ­réalise-t-on pas qu’à la suite des derniers événements, les citoyens de Glendale ne veulent plus des Coyotes, que les membres du conseil de ville prient tous les jours pour qu’ils ­quittent la ville.
Mais Bettman a la tête dure.
Pourquoi?
Qu’y a-t-il de si attrayant en ­Arizona? Est-il coincé par les réseaux de télévision, qui ne veulent surtout pas perdre le marché de cet État? Il s’agit d’une piètre excuse, d’autant plus que les matchs aux heures de grande écoute sont moins importants que les films de fin de soirée.
Alors pourquoi?
Mercredi soir, l’avocat des Coyotes a menacé les élus municipaux. Anthony LeBlanc a menacé les élus municipaux. «On va vous poursuivre...», a-t-il affirmé. Voilà une réaction qui ne fait qu’empoisonner les relations entre les deux groupes. Pensez-vous sincèrement que les citoyens de Glendale ont apprécié les charges à l’emporte-pièce des deux représentants des Coyotes?
On négocie par la menace.
Mais les élus sont demeurés de glace, ils ont voté à 5 contre 2 pour que la résiliation du contrat. «Nous sommes prêts à reprendre les négociations, mais en modifiant les règles du jeu.»
La LNH joue gros
Les membres du conseil de ville ont-ils un doute sur les intentions des propriétaires des Coyotes, qui possèdent une clause dans leur contrat leur permettant de quitter la ville si jamais ils encaissent des pertes de 50 millions $ sur une période de cinq ans?
Ont-ils devancé l’échéance dans le but de sauver quelques millions de dollars, sachant très bien qu’après deux saisons, les propriétaires des Coyotes ont déclaré des pertes de 34 millions $? Alors pourquoi continuer à verser
15 millions $ par année provenant de l’argent des contribuables?
Ira-t-on devant les tribunaux? La Ligue nationale joue gros dans ce dossier. Déjà qu’elle ne gagne pas des points en menaçant une ville de représailles juridiques, en menaçant les citoyens qui sont les propriétaires de l’amphithéâtre.
On rapportait même qu’Andrew Barroway, le propriétaire majoritaire de l’équipe, n’a jamais avisé le maire de la ville, Jerry Weiers, qu’il est maintenant le principal décideur.
«Quand on pense que les Coyotes reçoivent 15 millions $ de la Ville et que tu ne daignes pas rencontrer le maire, encore moins l’impliquer dans les relations avec la communauté, c’est pas très fort de la part des dirigeants des Coyotes», aurait déclaré sous le couvert de l’anonymat le propriétaire d’une équipe de la Ligue nationale.
Mystère
On voit déjà que la patience de certains gouverneurs a des limites. Si, comme le prétend Bettman, il y a un intérêt marqué de la part de certains marchés pour obtenir une concession de la LNH, qu’attend-on pour sortir les Coyotes de l’Arizona?
C’est ça qui est mystérieux...
Pourquoi cet entêtement?
Une question: si Bettman avait attendu le moment propice pour modifier les divisions, la Ligue nationale se retrouverait-elle dans une situation aussi ridicule? La réponse est non.
Il n’aurait pas à s’inquiéter du déséquilibre chez les équipes, 14 dans l’Association de l’Ouest, 16 dans ­l’Association de l’Est.
Peut-être a-t-il mis la charrue devant les bœufs dans le dossier de Seattle? Était-il si urgent de transférer les Blue Jackets de Columbus et les Red Wings dans l’Association de l’Est?
Autre question: Donald Fehr et l’Association des joueurs ne sont-ils pas des partenaires avec la Ligue nationale? Alors, pourquoi Fehr n’intervient-il pas dans le dossier en portant à l’attention des propriétaires que les deux groupes perdent des revenus importants en maintenant à Glendale une concession vivant sur du temps emprunté?
Intéressant n’est-ce pas?

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