Marc Bergevin doit trancher à savoir si son club serait à la hauteur avec les joueurs actuels, si les séries commençaient demain, car avec 32 parties à jouer au calendrier régulier, le Canadien doit commencer à se préparer en fonction des séries éliminatoires.
Une fois qu'il aura répondu à la question, il sera mieux placé pour identifier comment combler les vides s'il y en a.  J'estime que l'équipe est prête pour les éliminatoires, mais qu'elle n'est pas bâtie pour les séries. Dans un quatre de sept contre Washington ou New York, ça risquerait d'être difficile.
Il faut dire toutefois que l'analyse sera plus juste lorsque tous les blessés seront de retour. Bergevin aura alors une meilleure idée de ce qu'il doit faire. Il devra déterminer s'il veut de l'aide à court ou à long terme.
D'ici la fin de la saison, il faudrait idéalement  que le  club joue de chance et évite les blessures. Toutes les équipes sont touchées, mais le Canadien a déjà vu plusieurs de ses joueurs-clés tomber au combat.
Si le Canadien croit qu'il a des chances pour la coupe Stanley, il ne peut pas se permettre d'échanger de jeunes vétérans.  Le Tricolore aura besoin de joueurs comme Brendan Gallagher, Alex Galchenyuk et Andrew Shaw. Même chose pour Max Pacioretty et Carey Price. Celui qui pourrait être le plus vulnérable à une transaction est Nathan Beaulieu, mais si on le laisse partir, il faut s'assurer que le club est meilleur en retour.
La fenêtre est ouverte pour le Canadien tant et aussi longtemps que Price et Pacioretty ne coûtent pas plus cher.  Ils touchent de bons salaires, mais ils pourraient gagner beaucoup plus. Les deux peuvent espérer toucher le double de leur rémunération actuelle lors de leur prochaine négociation de contrat. Pacioretty touche $ 4 500 000  jusqu'à la fin de 2018-19  et Price $ 6 500 000 jusqu'à l'an prochain.
Cette fenêtre risque de se refermer après l'an prochain quand Price deviendra joueur autonome sans compensation.  Avec un nouveau et lucratif contrat en poche, ça pourrait être plus difficile d'entourer Price de solides joueurs pour espérer gagner la coupe. Je ne sais pas ce que Price va exiger comme salaire, mais d’autres grands joueurs ont accepté moins d'argent pour rester avec leur club et avoir de meilleures chances de gagner. On peut penser à Sidney Crosby, Raymond Bourque et Jonathan Toews, qui n'ont pas pris le maximum pour s'assurer d'être au sein d'une formation compétitive.
Si Price va chercher le maximum qu'il voudra, il risque de rester moins d'argent pour les autres bons joueurs. On verra au moment des négociations et je me demande tout le temps combien d'argent ça prend pour être heureux. Price pourrait signer un contrat de huit ans pour dix millions. Avec tout ce qu'il a déjà encaissé, il devrait toucher près du 100 millions en carrière. J'essaie de me mettre dans la peau du joueur et je me dis que je serais prêt à prendre moins d'argent pour être dans une bonne équipe. Mais prendre moins, c'est relatif d'une personne à une autre.
Marc Bergevin pourrait mettre le paquet pour gagner cette année, mais il n'aura pas le droit de se tromper. Si vous mettez tous les oeufs dans le même panier et que vous perdez en finale, je ne crois pas que les partisans aimeraient voir leur club s'engager par la suite dans une autre période de reconstruction. La dernière coupe remonte à 1993 et les gens ont soif. Si l'équipe sacrifie ses plus beaux espoirs et qu'elle ne gagne pas. Personne ne sera heureux.
Les amateurs regardent ce qui se passe à Toronto et Edmonton pour constater que ces deux clubs pourraient viser la coupe d'ici quelques années. Qui sait, Toronto sera peut-être en avance sur le Canadien dans trois ans.
Nikita Nesterov
Je ferais jouer Nikita Nesterov rapidement pour voir ce qu'il peut offrir, mais n'oublions pas que si le Lightning de Tampa Bay l'a laissé aller pour si peu, il doit y avoir une raison.
Il était sixième ou septième défenseur à Tampa, alors il ne faut pas s'attendre à ce qu'il soit utilisé parmi les quatre premiers à la ligne bleue ici. On a souvent tendance à s'imaginer qu'un joueur devient meilleur à Montréal. Ça peut être vrai sur quelques matchs, mais pas à long terme. Une fois la période "tout nouveau, tout beau" passée, les lacunes reviennent. Chassez le naturel et il revient au galop.
Nesterov est peut-être supérieur à Mark Barberio ou Zach Redmond, qui a été placé au ballottage lundi, mais je doute qu'il soit meilleur que Greg Pateryn, Beaulieu ou Alexei Emelin. Il faudra voir comment il va se débrouiller dans le système de jeu du Canadien.
*propos recueillis par Robert Latendresse