On est tous d’accord, le Canadien de Montréal connaît une saison complètement hors norme, avec tous ces blessés qui s’ajoutent à la liste de façon incessante, même à quelques semaines de la fin de la saison. Il ne faut donc pas analyser trop en profondeur le match de samedi contre le Wild du Minnesota, qui présentait un tableau tout simplement inégal, avec l’absence de 11 joueurs réguliers pour le Tricolore.
Il n’en demeure pas moins qu’il s’agissait d’une autre défaite contre une formation de l’Association Ouest. C’était une 17e en temps règlementaire cette saison, une 20e si on ajoute les trois autres en bris d’égalité! En contrepartie, le Canadien n’a remporté que 6 victoires depuis le début du calendrier, trois maigres triomphes contre chacune des deux divisions de l’autre conférence. Faites le calcul, c’est à peine 15 points sur une possibilité de 48. Relevez le niveau de rendement à une moyenne ordinaire d’à peine ,500 et le Canadien serait à égalité avec les Red Wings pour espérer une participation en séries au moment d’écrire ces lignes! Étonnant, n’est-ce pas?
Bien sûr, cette constatation ne tient pas entièrement de la science pure. Il peut y avoir certains facteurs aléatoires derrière ce piètre résultat. Mais il s’explique quand même aussi par quelques points bien précis, des points qui nous ont sautés aux yeux lors de nos récents voyages dans l’ouest du continent.
Commençons par l’échec-avant systématique que pratiquent la plupart des formations de l’ouest. Le Canadien a semblé plus démuni que jamais pour contrer cette facette du jeu des adversaires. Le premier problème réside, bien sûr, dans l’absence de Carey Price. Le gardien étoile est devenu un rouage prioritaire dans le jeu de transition du Canadien et sa façon de quitter son filet et de distribuer la rondelle à ses coéquipiers se veut, en soi, une arme efficace contre la présence de l’ennemi en zone défensive.
Il y eut aussi, visiblement, un certain relâchement dans l’étanchéité du jeu en unité de cinq dans le territoire du Canadien. Je ne sais combien de fois mon collègue Marc Denis a parlé d’un écart trop prononcé entre les défenseurs et les attaquants au cours de la longue glissade de l’équipe, un facteur qui peut être en partie imputable au fait que ces derniers, devant l’incapacité de l’équipe à marquer des buts, oubliaient d’encadrer les joueurs de défense et ne pensaient qu’à se rendre en zone adverse. Contre les fougueux avants de l’ouest, le résultat fut trop souvent le même : le nez des défenseurs se retrouvait dans la baie vitrée!
Mais on ne saurait négliger un autre élément essentiel : celui de la « taille » globale du Canadien de Montréal. Malgré toute la bonne volonté du monde, malgré le cœur, l’engagement, la vitesse, la ruse, la fougue, la créativité, l’intelligence, la saine lecture du jeu, il reste que la formation de Michel Therrien, telle qu’elle fut bâtie pour 2015-2016 n’était pas à la hauteur, physiquement, de la plupart des équipes des sections Centrale et Pacifique. Si les Plekanec, Gallagher, Desharnais, Byron, Mitchell, Flynn et autres peuvent s’en tirer plutôt bien contre la plupart des équipes de l’Est, il en est tout autrement contre la plupart des 14 autres formations de la LNH.
Une preuve intéressante nous a été fournie lors du match du 2 mars contre les Ducks à Anaheim. Pour toutes les raisons que l’on connaît, le Canadien comptait dans sa formation certains joueurs qui n’étaient pas là plus tôt en saison. Il est question ici de Michael McCarron, Jacob De La Rose et Stefan Matteau qui, tous trois, présentent des tailles qui varient de 6’2 à 6’6 et des poids variant de 214 à 231 livres! À défaut d’expérience, ces jeunes ont au moins utilisé sciemment leur physique imposant contre un adversaire lourd et intimidant, McCarron venant même à la défense de son coéquipier Lars Eller en cours de match. Il s’en est fallu de peu pour que le Canadien mette fin à la séquence de victoires des Ducks ce soir-là.
Je comprends fort bien que Marc Bergevin doive d’abord et avant tout bâtir son équipe en fonction de la majorité des adversaires qu’elle affronte. Mais visiblement, il y avait un correctif à apporter au niveau de la taille globale du Canadien de Montréal et dans le style de jeu pratiqué, au moins, par ses trios de soutien. Comme le disait Mario Tremblay, avec raison, « il ne faut pas que ce soit toujours facile d’affronter le Canadien, y compris au Centre Bell ».
Rappelons-nous aussi qu’il y a 56 points de classement disponibles contre les formations de l’Association Ouest au cours d’une saison. Un rendement adéquat contre ces équipes peut faire une énorme différence quand arrive le dernier droit!