BROSSARD, Qc - Si seulement P.K. Subban n'était pas P.K. Subban et si la passion pour le hockey n'était pas si grande à Montréal, la controverse entourant le jeu du défenseur du Canadien contre l'Avalanche du Colorado, mercredi soir, n'aurait jamais pris une telle ampleur, croit Michel Therrien.
Pendant presque 12 minutes vendredi, l'entraîneur-chef du Tricolore a été questionné de façon serrée sur l'initiative de Subban et sur les propos qu'il a émis au sujet du jeu de son défenseur. Le dossier a monopolisé le point de presse de Therrien au point où aucun journaliste ne l'a interrogé sur la blessure à David Desharnais, ni sur la visite des Flyers de Philadelphie en soirée.
« Nous sommes dans un marché très émotionnel et très spécial, a lancé Therrien d'entrée de jeu, avant de répéter qu'il n'avait pas aimé le jeu qui a mené au but victorieux de Jarome Iginla avec 2:03 à jouer au troisième vingt.
« Il y a le temps qu'il restait au cadran et la situation, avec un score de 2-2. Nous disputions un match solide et il y avait beaucoup d'émotions dans notre jeu. N'importe quel joueur aurait fait ce jeu, et on l'aurait mentionné. Honnêtement, avec beaucoup d'autres joueurs, ç'aurait été considéré comme correct. Mais vu qu'il s'agit de notre marché et que ça s'adonne à être P.K., les proportions débordent », a ajouté Therrien.
L'entraîneur-chef du Canadien a aussitôt enchaîné en faisant l'éloge de son défenseur.
« Nous sommes très conscients que nous avons un athlète exceptionnel, qui fait beaucoup de bonnes choses pour l'équipe. C'est un gars qui s'est amélioré grandement au fil des quatre dernières années. Nous sommes très contents de travailler avec lui et nous sommes très contents de l'avoir avec notre équipe.
« C'est un gars qui veut continuer de s'améliorer et ça fait partie de notre travail en tant qu'entraîneurs de travailler avec nos joueurs et de nous assurer que ce genre d'erreurs-là ne se reproduisent pas. C'est aussi simple que ça. Faut pas chercher des bibittes où il n'y en a pas. »
Au-delà de la décision de Subban d'essayer de transporter la rondelle vers le fond de la zone de l'Avalanche, le Canadien a mal réagi lors de la contre-attaque à trois contre trois, ce que Therrien a reconnu vendredi alors qu'il ne l'avait pas fait après la défaite de mercredi.
Il a aussi tenu à affirmer qu'il entretenait une très bonne relation avec Subban, à qui il avait publiquement reproché d'avoir tenté un « jeu individualiste ».
« P.K. est un gars adorable. Il veut beaucoup de bien à tout le monde. Il arrive à l'aréna et il est enjoué. Nous n'avons pas de problèmes avec ça, au contraire. Nous voulons des gars qui ont de la vie, de l'émotion. C'est agréable de travailler avec lui. Il faut le guider. Ce n'est pas comme une vieille picouille dans le Vieux-Montréal que tu veux faire tourner à gauche et qui tourne à gauche. Il faut que tu le guides et c'est correct ainsi. Et c'est ce que nous voulons car c'est avec ça que l'on va gagner. »
Pas égoïste
Une quinzaine de minutes plus tôt, alors que venait de se terminer l'exercice matinal de l'équipe, Subban, à son tour, a été bombardé de questions sur la controverse, mais a évité de réagir directement aux propos de Therrien.
« Mon travail est de jouer. Si vous avez des commentaires à faire sur ce que l'entraîneur dit de ses joueurs, peut-être devriez-vous le questionner. Mon objectif est d'être le meilleur joueur possible chaque soir. Lorsque j'ai été repêché en 2007, je me souviens avoir dit à Bob Gainey (le directeur général du Canadien à l'époque) que je ferais tout en mon pouvoir pour aider cette équipe à gagner. C'est ce que je fais chaque fois que je revêt ce chandail et que je saute sur la patinoire. »
Subban a par ailleurs reconnu beaucoup se fier à son instinct, mais il sait que ses manoeuvres ne seront pas toujours couronnées de succès.
« L'instinct est un élément important de mon jeu, mais le hockey est aussi un jeu d'erreurs. Parfois, les choses vont aller comme vous l'espérez et, en d'autres occasions, ça ne fonctionnera pas, et je suis capable d'accepter mes torts quand ça arrive. Je n'ai pas peur d'échouer. Ça va arriver à l'occasion, mais c'est de cette façon que vous finissez par connaître du succès. »
« Michael Jordan a déjà dit qu'il pouvait accepter l'échec, mais pas le fait de ne pas essayer. Et il a aussi déclaré que pour les milliers de tirs qu'il a réussis, il en aussi raté une tonne. Ça fait partie du sport. Les plus grands athlètes jouent avec audace qui les pousse à tenter de tels jeux, et c'est la raison pour laquelle ils reçoivent tant d'argent. C'est le genre d'athlètes que j'admire. »
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