David Desharnais a marqué son sixième but de la saison lorsqu’il a complété la remontée victorieuse du Canadien en marquant, en prolongation, le quatrième but sans riposte de son équipe.
Desharnais, surtout reconnu pour la qualité de ses passes, a marqué ce but en décochant un tir sur réception pas commode à la suite d’une belle passe de P.K. Subban.
C’était le troisième but gagnant de Desharnais jusqu’ici cette saison. C’était aussi, le septième de son trio si on ajoute les trois au dossier de Tomas Fleischmann – qui a marqué le but qui a permis au Tricolore de propulser le match en prolongation – et celui de Dale Weise. Ces sept buts gagnants du « troisième trio » qui en a enfilé 19 au total après 19 rencontres égalent la récolte du reste de l’équipe à ce chapitre. Comme quoi le trio de Desharnais est peut-être plus qu’un simple « troisième trio » depuis le début de l’année.
Et dire que pas plus tard que l’an dernier, alors qu’il connaissait un lent début de saison il est vrai, tout comme il y a deux ans après que le Canadien l’eut récompensé en lui offrant un contrat de quatre ans d’une valeur de 14 millions $, ses nombreux détracteurs criaient à qui voulait l’entendre que ce petit centre québécois n’avait pas sa place dans la Ligue nationale.
Ils sont cois les détracteurs de Desharnais depuis le début de l’année. Oh ! Ils se sont manifestés après la défaite encaissée à Edmonton alors que Desharnais avait commis une erreur bête il est vrai sur le jeu qui avait permis aux Oilers de faire subir au Canadien une remontée similaire à celle que le Canadien a fait subir aux Canucks lundi soir.
Mais depuis ce jeu, les bourreaux de Desharnais tapent du pied en attendant la prochaine occasion qu’ils auront pour revenir à la charge. Ça arrivera peut-être. Ça arrivera sans doute. Mais de la façon dont Desharnais et ses compagnons de jeu jouent actuellement, ils s’assurent retarder le plus possible ce réveil des détracteurs du petit joueur de centre qui profite pleinement du fait que Michel Therrien l’ait soustrait des couvertures assidues des meilleurs attaquants défensifs et duos d’arrières des équipes adverses.
Mémoire courte
La remontée victorieuse de quatre buts consécutifs a fait bien plaisir aux partisans. Des partisans qui avaient alors oublié les vagues de huées soulevées aux quatre coins du Centre Bell après que les Canucks eurent marqué les premiers, qu’ils aient ensuite doublé leur avance avant de porter le score à 3-0 en début de période médiane.
Des huées qui étaient pleinement méritées cela dit.
Car non seulement le Canadien a-t-il laissé les Canucks prendre les devants de façon aussi convaincante, il a contribué à leurs trois buts. Pas seulement en écopant des pénalités – Gallagher et Galchenyuk étaient au cachot sur les 2e et 3e buts des Canucks – mais en se rendant coupable d’une nonchalance déconcertante sur la patinoire.
Le Canadien a bien mal amorcé la rencontre. Pour la 5e fois à ses six derniers matchs, il a accordé le premier but. Un but une fois encore marqué très tôt dans la rencontre après que Nathan Beaulieu ait échappé son homme en territoire défensif.
Le Canadien a aussi raté une, trois, cinq occasions de dégager la rondelle alors qu’il se défendait à court d’un homme. Sur le deuxième but, Tomas Plekanec avait la chance d’intercepter la rondelle au centre de l’enclave avec son patin. Il a raté son coup. Les Canucks en ont profité.
À 2-0, Mike Condon, qui ne pouvait pas être blâmé jusque là, s’est montré généreux en offrant le troisième but aux Canucks.
C’est là que ça s’est mis à huer pour vrai.
Avec encore bien fraîche en mémoire la dégelée de samedi aux mains des Avalanches de Patrick Roy, les partisans ne pouvaient croire qu’ils seraient condamnés à assister à une deuxième raclée du genre. Une raclée que le Canadien méritait alors pleinement considérant le fait qu’il ne patinait pas, qu’il ne s’impliquait pas, qu’il se contentait de faire acte de présence.
C’est là que le vent a tourné. Et il a tourné dès que Lars Eller a marqué alors que le Canadien qui ne semblait pas avoir appris la leçon venait d’offrir une quatrième attaque massive au Canucks.
Eller a marqué lors du désavantage numérique (quatrième but du Canadien à quatre contre cinq) en utilisant une arme qu’il n’utilise pas assez souvent : son tir.
Je l’ai souvent dit et écrit et je continuerai à le dire et à l’écrire. Lars Eller a le physique nécessaire pour faire sa place dans la LNH. Il a le coup de patin nécessaire pour faire sa marque dans la LNH d’aujourd’hui. Et il a le tir nécessaire pour marquer des buts. Trois qualités qui devraient lui permettre de surmonter son handicap le plus important : son manque de flair offensif. Son manque de sens du hockey.
S’il tirait plus souvent comme il l’a fait au terme de sa descente en désavantage numérique, Eller se rendrait bien plus utile qu’il ne l’est présentement. Il justifierait sa présence au sein d’un trio de tête. Un rôle qu’il est loin d’assumer complètement depuis qu’il évolue à la gauche de Galchenyuk.
Eller convenait après la rencontre qu’il doit tirer plus souvent. S’il peut s’en souvenir jeudi alors que les Coyotes de l’Arizona seront de passage au Centre Bell, il moussera ses chances de réussite.
Canucks fatigués et fragiles
Lars Eller a secoué positivement son équipe en marquant son sixième but de la saison. Car dès après ce but, le Canadien s’est remis à patiner. Il s’est remis à s’impliquer. Il s’est remis à jouer et à bien jouer.
Lars Eller a aussi secoué très négativement les Canucks qui ont alors dévoilé toute la vulnérabilité qui leur joue de si mauvais tours depuis le début de la saison. Depuis le début du désolant voyage de sept matchs au cours duquel ils n’ont gagné qu’une fois jusqu’ici encaissant cinq revers, dont trois en temps réglementaire.
Au lieu de jouer avec la conviction d’un club qui était encore en avant 3-1, les Canucks se sont repliés. Avec des vétérans trop fatigués pour composer avec la vitesse du Canadien, avec des jeunes pleins de talent qui n’ont pas encore l’expérience pour résister à soudaine remontée, les Canucks étaient alors condamnés.
On a vite compris pourquoi ils n’affichent que deux victoires cette saison (2-5-6) dans le cadre de leurs 13 matchs qui se sont décidés par un but. Une fiche tout à l’opposé de celle de l’an dernier alors qu’ils ont remporté 22 de leurs 31 matchs (22-4-5) qui se sont décidé par un but.
Et une fois en prolongation, on a vite compris pourquoi ils sont toujours en quête d’une première victoire à trois contre trois après sept matchs – six revers et un gain en tirs de barrage – qui se sont prolongé au-delà des 60 minutes réglementaires.
Car une fois en prolongation, les Canucks n’avaient ni la vitesse, ni la force de frappe pour rivaliser avec le Tricolore. Oui les jumeaux Sedin sont toujours d’extraordinaires joueurs de hockey. Mais ils sont lents. À cinq contre cinq, la qualité de leurs échanges compense largement pour ce manque à gagner. Mais une fois à trois contre trois, avec tout l’espace sur la patinoire, ils deviennent très vulnérables. En plus, ils ne peuvent prolonger leurs présences au-delà d’une trentaine de secondes, ce qui met en péril leur équipe, car, à trois contre trois, un changement de trio, comme un tir qui rate la cible, comme une perte de rondelle signifie invariablement une poussée en surnombre de l’adversaire.
C’est comme ça que les Canucks ont perdu lundi soir. Ou que le Canadien a gagné selon que vous soyez fans de Montréal, ou de Vancouver.
Semin dans tout ça
Si le Canadien a été mauvais en première moitié de match et beaucoup meilleur en deuxième moitié de rencontre, on ne peut pas en dire autant d’Alexander Semin qui a été ordinaire du début à la fin de la rencontre.
Il n’a pas joué beaucoup c’est vrai. Mais le fait qu’il n’ait effectué que 10 présences totalisant 6:48 de temps d’utilisation est une indication évidente qu’il n’a rien offert à Michel Therrien pour justifier une utilisation accrue.
Pas question de frapper une fois encore sur Semin. Il est maintenant clair qu’il n’a pas la vitesse pour contribuer sur une base solide aux succès du Canadien.
Peut-être aura-t-il encore quelques matchs pour tenter de renverser la situation. Mais même si on lui offre cette chance, je ne crois pas qu’il puisse y arriver. Le temps me semble venu de prendre une décision pour le bien de l’équipe et son bien personnel. Le temps me semble venu de conclure que le pari qui méritait d’être pris l’été dernier en lui offrant un contrat d’un an à un salaire raisonnable de 1,1 million $ ne rapportera pas de dividende. Il me semble que le temps est venu de soumettre Semin au ballottage et de le soustraire ensuite à l’équipe si aucune équipe ne le réclame.
Le Canadien étant l’un des clubs les plus riches de la LNH, il ne se ruinera pas en honorant le reste du contrat. Et parce que Marc Bergevin a bien joué ses cartes en le mettant sous contrat à bon prix, il pourra payer Semin à ne rien faire – ou à jouer dans la Ligue américaine – tout en amputant sa masse salariale de seulement 150 000 $ puisque 950 000 $ pourront être déduits.
Une fois le dossier Semin réglé, Marc Bergevin pourra profiter des 30 points que lui ont offerts ses joueurs pour être patient dans sa quête de remplir le trou béant à la droite d’Alex Galchenyuk. Parce qu’il peut se permettre de prendre son temps, car ce n'est pas une, trois, voire cinq défaites qui mineront les chances du Canadien d’accéder aux séries, Marc Bergevin pourra alors suivre le développement de quelques-uns de ses espoirs avec le club-école ou attendre la transaction qui fera son affaire et pas seulement celle de l’homologue avec qui il transigera pour améliorer son équipe.
Et pour dire vrai, je me demande s’il n’est pas déjà sur le point de régler ce problème.
Les prochains jours nous le diront.