TAMPA BAY - Pour la première fois en près de 18 ans, soit depuis que la LNH a confirmé la naissance des Blue Jackets de Columbus et du Wild du Minnesota en juin 1997, Gary Bettman ouvre la porte à une éventuelle expansion.
Avec Las Vegas qui vient de franchir le cap des 11 500 dépôts sur d’éventuels billets de saison – l’objectif du promoteur Bill Foley était 10 000 –  Seattle où la LNH aimerait établir une équipe et Québec qui a maintenant un amphithéâtre tout neuf pour permettre aux Nordiques de revenir là où ils n’auraient jamais dû partir, Gary Bettman reconnaît que les circonstances sont favorables à un tel projet. Et comme les prochains propriétaires devront verser 500 millions $ en droit d’entrée, les proprios actuels pourraient être motivés d’étirer les cadres de leur circuit afin de partager ce magot.
« Il n’y a pas de plan d’expansion à l’étude présentement. Mais si les gouverneurs des 30 équipes m’indiquent qu’ils sont ouverts à une telle idée, nous mettrons en branle un processus d’expansion », a reconnu le commissaire de la LNH dans son traditionnel bilan annuel effectué lors du premier match de la finale de la coupe Stanley.
Les gouverneurs de la LNH se réuniront à Las Vegas le 24 juin prochain dans le cadre des festivités entourant la remise des trophées individuels. Les directeurs généraux seront également présents pour faire le point sur les améliorations proposées et les changements de règlements à adopter dès la saison prochaine.
Lancer un processus d’expansion ne veut pas dire qu’il y aura nécessairement une expansion. Si les éventuels proprios peinent à amasser le demi-milliard nécessaire, si les amphithéâtres ne sortent pas de terre, si les gouvernements et les amateurs boudent les projets, la LNH pourrait finalement court-circuiter tour projet d’expansion.
Mais avec son amphithéâtre qui prend forme au centre-ville de Las Vegas et ses 11 500 dépôts sur d’éventuels billets de saison, Bill Foley parle de son équipe comme si elle était déjà la 31e de la LNH. Il lorgne même une première saison dès l’automne 2017. Et comme il compte sur l’appui financier de la riche famille Maloof, l’ardeur de Foley ne devrait pas être refroidie par les 500 millions $ requis pour rejoindre la LNH et les millions de dollars qui seront ensuite nécessaires pour bâtir le club.
Mauvaises nouvelles pour Québec
Cette expansion, si elle se concrétise, ne représente pas nécessairement une bonne nouvelle pour Québec. Déjà que les éventuels propriétaires devront composer avec un plafond salarial qui oscillera autour des 71 millions $ l’an prochain et qui atteindra les 80 millions $ avant longtemps – surtout si les revenus de la LNH sont gonflés à coup de 500 millions $ par le biais d’une éventuelle expansion –, il est permis de se demander si les futurs propriétaires des Nordiques auront un demi-milliard à offrir comme prix d’entrée.
C’est beaucoup d’argent. Énormément d’argent. Et comme si ce n’était pas déjà gigantesque, il est loin d’être acquis que le retour sur l’investissement sera en mesure d’éponger un jour ces 500 millions $.
Pour Québec, et je le dis et écris depuis toujours, le succès associé au retour des Nordiques passe par une relocalisation. Que ce soit des Hurricanes de la Caroline – le jour où Peter Karmanos fils sera tanné de perdre de l’argent – des Panthers de la Floride ou, encore eux, des Coyotes de l'Arizona.
Mais voilà : Gary Bettman a offert une plus mauvaise nouvelle encore aux amateurs de Québec en niant catégoriquement que les Coyotes avaient des ennuis majeurs avec la ville de Glendale ou que les Panthers de la Floride étaient sur le bord de la faillite.
Bettman n’est pas obligé de dire la vérité. J’en conviens. Et je suis convaincu aussi qu’il n’hésite pas à mentir de temps en temps lorsqu’il est question de la santé financière d’une, deux, trois ou peut-être même cinq clubs de son circuit.
Mais s’il nage souvent entre les vérités et les mensonges, Bettman se mouille rarement comme il l’a fait hier en niant d’un bloc ces rumeurs. « Je ne sais pas qui sort ces nouvelles et d’où elles viennent, mais il n’y a rien de vrai dans tout ça. La santé financière de nos équipes passe par des propriétaires de qualité. On en a un bel exemple ici à Tampa avec ce que Jeff Vinik a été en mesure de bâtir autour du Lightning. Tampa est non seulement devenu une belle et bonne ville de hockey, c’est aussi devenu une destination de choix pour les joueurs », qu’il a dit. Et hier soir, Bettman semblait sérieux. J’irais jusqu’à dire qu’il disait vrai tant il semblait outré par la teneur des rumeurs.
Ça ne veut pas dire que la réalité des équipes soi-disant en difficultés ne peut pas changer rapidement. Changer comme dans se détériorer. Et c’est là que Québec, avec son Colisée tout neuf, pourrait servir de bouée de sauvetage. Comme Winnipeg l’a été avec les Thrashers.
Patience et longueur de temps…
Les Penguins sont à vendre
Le fait que les Penguins de Pittsburgh soient maintenant à vendre n’aide pas non plus la cause des villes qui attendent l’implication d’un milliardaire pour leur offrir du hockey de la LNH.
Parce que Mario Lemieux et ses associés, Ron Burkle en tête, veulent profiter de la situation des Penguins pour passer à la caisse, il est évident que d’éventuels propriétaires qui attendaient une expansion pour joindre la LNH seraient avantagés d’acheter les Penguins.
Avec leur nouvel amphithéâtre et Sidney Crosby qui est à quelques saisons – du moins je ne crois pas qu’il y soit déjà – d’amorcer sa descente vers la retraite et une équipe qui compte encore sur des éléments clefs devant le filet (Marc-André Fleury) à la ligne bleue (Kristopher Letang et Olli Maatta) et à l’attaque avec Crosby, les Penguins demeurent une organisation de choix pour tout acheteur potentiel pourvu qu’il accepte de garder l’équipe là où elle est, tout en haut d’une des collines qui surplombent le centre-ville de Pittsburgh.
Ce qui n’est pas le cas de Bill Foley qui veut voir le hockey de la LNH s’installer dans le désert du Nevada au beau milieu de la capitale mondiale du jeu.
Pourquoi Mario Lemieux voudrait-il vendre les Penguins?
Parce qu’après les avoir sauvés une première fois à titre de premier choix de la cuvée 1984, leur avoir donné deux coupes Stanley à titre de capitaine et pierre angulaire de l’équipe, après les avoir sauvés une deuxième fois en faisant l’acquisition du club, en revenant au jeu après une pause de trois saisons et en obtenant la construction d’un nouvel igloo aux frais des contribuables– comme l’ont fait les Pirates, les Steelers, les Phillies et les Eagles – Mario Lemieux n’a encore jamais remis la main sur les millions que les Penguins ne lui ont jamais versés en raison de leurs déboires financiers.
Oui! Lemieux a sans doute fait beaucoup d’argent comme proprio des Penguins. Oui! Il a certainement bien plus peur de la fin du monde que de la fin du mois. Mais les dettes qui lui sont toujours dues pourraient être remboursées dans le cadre d’une vente éventuelle. Une fois remboursé, Mario Lemieux pourrait demeurer ambassadeur des Penguins, effectuer des mises en jeu protocolaires, des rencontres avec les clients importants et profiter d’une retraite plus que dorée à Pittsburgh, à Mont-Tremblant où il possède un château ou n’importe où ailleurs dans le monde.
On verra ce qui arrivera avec ce projet de vente des Penguins. Mais si j’avais un huard ou deux à miser, je jurerais que les Penguins auront un nouveau propriétaire – ou actionnaire principal si vous préférez – avant que la LNH ne procède à quelque relocalisation ou expansion que ce soit.