Dans la course aux séries, le combien est plus important que le comment. Pour cette raison toute mathématique, le point, voire les deux points, que le Canadien a concédé aux Sabres de Buffalo qui sont revenus de l’arrière deux fois plutôt qu’une pour se sauver avec une victoire de 3-2 en prolongation fait mal.
Au-delà la déception normale associée à ce résultat, le Canadien au grand complet devrait être encouragé par sa performance de samedi.
Vrai qu’il a perdu. Vrai qu’il méritait deux points au lieu d’avoir à se contenter d’un seul. Mais le Canadien a joué un bien meilleur match dans le cadre de cette défaite qu’il ne l’a fait vendredi au New Jersey, mercredi face aux Penguins et lundi à Detroit contre les Red Wings.
Le Canadien a été créatif samedi contre Buffalo. Il a été combatif. Il a été incisif. Contrairement à vendredi alors que trois joueurs – Petry, Pacioretty et Weber – ont dirigé 17 des 26 tirs de l’équipe, les 38 tirs de samedi ont été également répartis entre les quatre trios et l’ensemble des défenseurs. Exception faite de Jacob De La Rose, tous les joueurs ont obtenu au moins un tir face aux Sabres. Pas question de prétendre ici qu’ils étaient tous dangereux, mais je suis convaincu que le Canadien a obtenu plus de bonnes occasions de marquer samedi que lors des trois matchs précédents. Ou pas loin…
Si le Canadien a dû se contenter de deux buts seulement sur les 38 tirs obtenus c’est bien plus en raison du brio de Robin Lehner qu’en raison du gaspillage d’occasions dont le Tricolore s’est rendu coupable au cours des dernières semaines.
Je sais. J’ai souvent dit et écrit que Robin Lehner est un gardien ordinaire. Qu’il est le maillon faible de cette jeune et belle équipe qui serait bien plus haute au classement si elle pouvait compter sur un vrai gardien de premier plan. Ou au moins sur un gardien aux performances plus constantes que celles de Lehner. Mais samedi, le Suédois a multiplié les arrêts cruciaux contre Shaw ici, contre Plekanec là. Il s’est même permis des bijoux d’arrêts aux dépens de Max Pacioretty en début de match et contre Alex Galchenyuk à qui il a volé un but gagnant en captant la rondelle avec sa mitaine.
Galchenyuk doit se demander encore ce matin comment Lehner s’y est pris pour lui voler ce but. De fait, c’est peut-être là où il avait la tête lorsque le jeune centre du Canadien a perdu la mise en jeu en zone des Sabres qui a amorcé la poussée qui a conduit au but de la victoire. Ou de la défaite du Canadien… c’est selon.
L’importance des mises en jeu
La mise en jeu perdue par Galchenyuk a fait très mal.
Vrai que Carey Price, qui a lui aussi disputé un fort match samedi avec 36 arrêts dont plusieurs solides et spectaculaires, était peut-être un brin creux dans son demi-cercle ce qui ne l’a pas aidé à stopper la rondelle qui a permis à Zach Bogosian de marquer son premier but de la saison.
Mais à trois contre trois, toutes les équipes de la LNH axent leur stratégie sur le contrôle de la rondelle. Au lieu de gaspiller la possession du disque avec un tir anodin, les équipes préfèrent revenir au centre de la glace, effectuer des changements, si nécessaire, et relancer leur attaque. Tout ça sans perdre la rondelle.
Une attaque diversifiée
Une fois la mise en jeu perdue par Galchenyuk en zone des Sabres, le Canadien n’a plus jamais retouché à la rondelle.
C’est plate de même.
Si la mise en jeu avait été disputée en zone du Tricolore, je suis pas mal convaincu que Galchenyuk ne l’aurait pas disputée. Si les deux équipes avaient été à cinq contre cinq, je suis tout aussi convaincu que Michel Therrien aurait fait appel à l’un de ses spécialistes qui, une fois la mise en jeu gagnée ou perdue, serait illico revenu au banc.
Mais à trois contre trois, un coach ne peut se permettre ce genre de stratégie, car il n’est pas toujours évident de retraiter au banc sans offrir un dangereux surnombre aux adversaires.
Le Canadien a donc fait appel à Galchenyuk. Avec les résultats qu’on connaît.
Pas question d’imputer tout le blâme de la défaite sur les épaules de Galchenyuk. Ça non. D’autant plus que Tomas Plekanec – quatre mises en jeu gagnées sur les 16 disputées – a été haché finement par Ryan O’Reilly – un des meilleurs de la LNH – et les autres centres qu’il a affrontés. De fait, Plekanec a perdu la mise en jeu qui a conduit au deuxième but des Sabres. But qui a propulsé les deux équipes en prolongation.
Mais pour assumer pleinement son rôle de premier centre – rôle qu’il occupe toujours malgré le fait que Phillip Danault l’ait temporairement remplacé entre Pacioretty et Radulov – Galchenyuk devra vraiment améliorer cet aspect du jeu.
Sept marqueurs de 10 buts
Kirk Muller dans l'Antichambre
Parlant de Phillip Danault, il a une fois encore disputé un match solide samedi. Et pas seulement parce qu’il a marqué le 2e but du Tricolore. Danault a vraiment gagné en confiance. Il a bien sûr la confiance de son coach. Il a aussi la confiance de ses coéquipiers. Mais Danault affiche surtout une confiance en ses moyens qui lui permet de jouer du hockey vraiment efficace.
En marquant son 10e but déjà de la saison, Danault est devenu le septième marqueur du Tricolore à revendiquer au moins 10 buts jusqu’ici cette année.
C’est beaucoup. C’est énorme en fait quand on considère que le Canadien est, pour l’instant, la seule équipe de la LNH à présenter un aussi bel équilibre offensif.
Un équilibre qu’on a remarqué tout au long du match de samedi alors que les quatre trios ont généré de belles occasions de marquer.
Il restera à convertir ces occasions en buts. Je veux bien. Mais pour obtenir des occasions de marquer, il faut jouer du bon hockey. Et le Canadien a vraiment joué du bon hockey samedi soir.
Offensivement surtout.
Car à la ligne bleue, le Canadien s’est encore rendu coupable de cafouillage autour du filet de Carey Price. Des rondelles perdues et un Brian Gionta oublié à la droite de Carey Price ont ouvert la porte aux deux premiers buts des Sabres.
Match excitant avec un résultat décevant pour le CH
Confiné au banc qu’il a quitté une seule fois en troisième période malgré le fait que le Canadien disputait un deuxième match en deux soirs, Zach Redmond donne raison à tous ceux – et ils sont nombreux – qui voudraient voir Ryan Johnston revenir en relève.
Remarquez que même si on pouvait les envoyer en même temps sur la glace, Redmond et Johnston n’arriveraient pas à combler la perte d’Andrei Markov qui a recommencé à patiner en solitaire.
Quelle bonne nouvelle pour le Canadien et particulièrement Carey Price…
En dépit quelques ratées en défensive et un brin ou deux trop d’occasions de marquer qui se sont soldées par des arrêts de Robin Lehner plutôt que par des buts, le Canadien a bien plus de positif à tirer de sa performance de samedi que de ses trois autres plus tôt en semaine.
Comme quoi les résultats ne disent pas toujours juste la vérité et toute la vérité.
Bon dimanche!
Et tenez. Même si ça tient plus du rêve que de la réalité : Go Steelers!