Après 12 matchs cette saison, le Canadien trônait bien haut perché au premier rang de sa division, de son association et même du classement général.
Fort de ses dix victoires, il revendiquait 20 points. Huit de plus que les Sénateurs d’Ottawa, ses plus proches rivaux dans la division Atlantique ; quatre de plus que les Rangers de New York, premiers de la division métropolitaine ; quatre de plus que les Stars de Dallas, premiers dans l’Ouest.
Après 24 matchs, le Canadien maintenait le rythme et les victoires. Grâce à ses 18 gains et au fait qu’il avait récolté des points dans 20 de ses 24 premières parties, il était toujours premier dans sa division, premier dans son association, premier au classement général. Il profitait même de neuf points d’avance sur les Sénateurs, de quatre sur les Rangers, de deux sur les Stars.
Et là, tout a basculé.
En s’inclinant 2-1 aux mains du Wild du Minnesota mardi, le Canadien a encaissé une cinquième défaite de suite. En passant, c’est la première fois depuis la triste époque du directeur général Pierre Gauthier qui a remplacé Jacques Martin par Randy Cunneyworth derrière le banc, que le Tricolore encaisse cinq revers consécutifs. C’était en 2011-2012 lors de la dernière saison qui s’est conclue par une exclusion des séries.
Non seulement a-t-il encaissé un cinquième revers de suite, mais c’était aussi un neuvième à ses dix derniers matchs. Neuf revers en temps règlementaire en dix matchs alors qu’il n’en avait encaissé que quatre (19-4-3) après ses 26 premières rencontres.
Tout un revirement.
Exclusion des séries ?
Il est encore trop tôt pour lancer que le Canadien ratera les séries en avril prochain. C’est évident. Mais ce scénario, impensable qu’il était après les neuf victoires consécutives du Tricolore en début de saison, voire après les 24 premières rencontres est maintenant envisageable alors que le Canadien est à quatre points seulement de la neuvième place et d’une exclusion des séries.
Vous ne me croyez pas ? Consultez le classement, ça vous sautera aux yeux. Et ça vous donnera une idée de l’ampleur de la débarque qui secoue le Canadien en ce moment.
Dans sa dernière tranche de 12 rencontres, le Canadien n’a gagné que deux fois. Pis encore, il n’a récolté que cinq points sur les 24 à sa disposition.
Résultats : le Canadien n’est plus premier du classement général. Loin de là. Il accuse maintenant un recul de 11 points sur les Stars de Dallas.
Là où ça se complique en raison des répercussions directes du classement sur la course aux séries, c’est dans l’Association Est.
Du premier rang où il était confortablement installé, le Canadien (43 points en 36 matchs) est maintenant quatrième dans son association, derrière les Capitals – neuf points de plus avec trois matchs en mains sur le Tricolore – les Rangers (44 points en 36 matchs) et les Islanders (43 points en 35 rencontres).
Oui on peut se consoler à l’idée que le Canadien est toujours premier dans la division Atlantique. Ce qui est vrai. Mais l’avance dont il profitait n’existe plus.
Blanchis mardi soir par les Blues de St.Louis, les Bruins de Boston ont raté une chance de dépasser le Canadien au premier rang. Les Bruins, qui croiseront le Tricolore lors de la Classique hivernale le premier janvier prochain, n’affichent qu’un recul d’un point avec trois grosses parties en mains.
Avec un match en mains, les Panthers de la Floride sont à un point du Canadien. Avec deux matchs en mains, les Red Wings de Detroit n’ont que deux points de recul sur Montréal. Même les Sénateurs d’Ottawa, huitième dans l’Est menacent le Canadien avec un recul de trois points et un match de plus que Montréal à disputer.
Avec encore quatre matchs à disputer sur la route avant de compléter le traditionnel et très ardu voyage des Fêtes, le Canadien qui sera à Washington samedi, à Tampa, Sunrise et Boston ensuite, oui il est possible que le Canadien retrouve ses partisans le 6 janvier, au Centre Bell, et qu’il soit exclu des séries pour la première fois de la saison.
Ça ne voudra pas dire qu’il en serait exclu en avril prochain. Ça non ! Mais cette glissade, si elle se poursuit, aura alors complètement effacé la récolte miraculeuse poussée du premier mois de la saison. Et elle aura replacé le Canadien dans une lutte quotidienne pour une place en séries, alors que cette place semblait acquise, voire assurée, depuis un bon moment.
L’équipe de Price… et de Gallagher
Cette glissade aura surtout donné raison à tous ceux, et ils sont nombreux, qui considèrent depuis longtemps déjà que le Canadien est le club de Carey Price. Que sans son as gardien, il est très loin de pouvoir se battre d’égal à égal avec les meilleures formations de la Ligue. Encore moins les excellentes…
Cette glissade aura aussi démontré toute l’importance de Brendan Gallagher autant à titre de joueur qu’à titre de leader. Depuis que Gallagher s’est fait casser deux doigts de la main par un tir frappé de Johnny Boychuk le 22 novembre dernier le Canadien n’affiche que quatre victoires (4-9-1) en 14 rencontres. Avec son seul but enfilé aux dépens du Wild mardi, le Canadien s’est contenté de 27 buts au cours de ces 14 rencontres. C’est moins de deux par match.
Non seulement le Canadien ne marque plus, mais on sent un découragement généralisé au sein du vestiaire. Un découragement que Gallagher pourrait certainement contribuer à chasse s’il était sur la glace pour donner le ton en secouant ses adversaires et dans le vestiaire pour y secouer ses coéquipiers.
On commence d’ailleurs à comprendre beaucoup plus pourquoi l’état-major du Canadien a jonglé avec l’idée de patienter un peu plus avant de donner le titre de capitaine à Max Pacioretty. Car le vrai capitaine, ou celui qui était en train de le devenir, était peut-être bien Gallagher.
Deux buts offerts au Wild
Le grand revirement encaissé par le Canadien au classement est bien sûr attribuable aux défaites qui s’accumulent. Ces revers sont largement attribuables au fait que le Canadien ne marque pas assez. On en a eu une nouvelle preuve mardi au Minnesota où le Canadien n’a marqué qu’une fois.
Mais mardi, c’est la trop grande générosité du Canadien qui l’a coulé. Et je ne parle pas ici du gardien Mike Condon qui est l’un des rares du Canadien à avoir disputé un match sans tache et sans reproche.
Le Canadien a été très généreux au chapitre des revirements. Beaucoup trop pour espérer l’emporter.
Alex Emelin a causé la scène qui a permis à Jason Pominville de marquer le premier but de la rencontre. Un revirement de Lars Eller à la ligne bleue du Wild a ouvert la porte à la poussée de Charlie Coyle qui a marqué le deuxième but du Wild. Un très beau but.
Et deux buts, c’est tout ce dont on semble avoir besoin pour battre le Canadien depuis dix matchs.
Comme si les revirements n’étaient déjà pas assez pour couler le Canadien, les leaders sont encore demeurés assis. Ou presque.
Oui les leaders ont obtenu quelques occasions de marquer, mais une fois encore, ils n’ont pas marqué. C’est encore un joueur de soutien, un joueur des ligues mineures en plus, qui l’a fait alors que Daniel Carr a enfilé son 3e but en neuf matchs.
Ça se passe de commentaires.
Beaucoup trop généreux dans ses revirements, le Canadien n’a quand même pas été affreux face au Wild. Cela dit, s’il avait déployé l’énergie des 90 dernières secondes durant toute la rencontre, l’issue de la partie aurait été différente tant il a frappé à la porte avec intensité.
C’était toutefois trop peu trop tard.
Je vous souhaite un très joyeux Noël. Du bon temps et du plaisir avec vos proches parents et amis. On se donne rendez-vous le 26 pour le prochain match de vos favoris. Un match qui ne sera pas facile puisqu’il sera présenté au Verizon Center de Washington.
Mais bon ! Peut-être que le réveillon et la journée de Noël permettront au Canadien d’oublier les insuccès des derniers matchs et qu’ils lui permettront de retrouver sa structure défensive et sa touche offensive avant que Gallagher et Price ne soient en mesure de revenir les aider.
Sans quoi, la situation du Tricolore, qui est déjà précaire on en conviendra tous j’espère, pourrait s’envenimer davantage.